C’est un laboratoire américain qui teste aujourd’hui, un inhibiteur des purines (résidus du métabolisme de certains aliments protéiques) de nouvelle génération et dont l’activité anti-inflammatoire pourrait trouver des applications dans d’autres maladies inflammatoires. Comme si, la récente présentation par les laboratoires Ipsen et Ménarini d’un nouveau traitement de la goutte, le fébuxostat (Adénuric®), avait marqué en quelque sorte la « reprise » de la recherche thérapeutique sur cette maladie, à la fois maladie rhumatismale ET métabolique, et facteur de risque pour le rein et le système cardiovasculaire.
Ce redémarrage, après des décennies dominées par l’allopurinol, correspond aussi à une augmentation de la prévalence de la goutte, notamment dans des populations qui en étaient épargnées ceci pour des raisons d’environnement – essentiellement un changement d’alimentation – mais tout n’est pas dans l’aliment !
A son tour, un laboratoire américain, BioCryst Pharmaceuticals (Birmingham, Alabama), a planché sur un nouveau traitement, le BCX4208, dont les premiers résultats se révèlent positifs quand il est associé à l’allopurinol, traitement de référence… au bénéfice de l’âge. Dans une étude de phase 2 contre placebo, la nouvelle molécule a montré la capacité du traitement associé à améliorer la baisse d’activité des urates.
On sait que la goutte est en fait une arthrite très inflammatoire et douloureuses, évoluant par crises dues à la cristallisation des urates dans les articulations, susceptibles d’y former des dépôts chroniques, les tophus, à risque de blocage et de destruction articulaires.
L’essai américain s’adresse à des patients hyperuricémiques, n’ayant pas répondu de façon adéquate à un traitement par allopurinol. Un essai de plus grande envergure est prévu au début de 2011 avec plus de 200 patients traités pendant 12 semaines.
Pour l’instant, il apparaît que l’ajout du BCX4208 a permis en 3 semaines d’améliorer le taux sérique d’acide urique des 87 patients chez lesquels il était de 80 mg/L ou plus. Ils ont reçu des posologies quotidiennes orales de 20 mg, 40 mg et80 mg seules ou associées à des posologies quotidiennes orales d’allopurinol de100 mg, 200 mg et 300 mg. Le traitement associé s’est montré plus efficace que le BCX4208 seul, obtenant des niveaux d’uricémie de 24 à 56 mg/L – le taux souhaitable étant de < 60 mg/L. Il existe donc un effet synergique de l’association BCX4208/allopurinol. Au total, 80 % des patients sont descendus sous 60 mg/L.
Le traitement combiné s’est montré sûr et bien toléré, ce qui faut de cette nouvelle molécule un traitement potentiel de la goutte, ce que pourrait montrer l’essai prévu en 2011, dont les résultats seront fournis à la FDA pour approbation.
Le BCX4208 est un inhibiteur des purines (résidus du métabolisme de certains aliments protéiques, viandes principalement) de nouvelle génération qui apparaît efficace à raison d’une seule dose quotidienne en traitement prolongé, comme tout traitement de la goutte. Son activité anti-inflammatoire pourrait trouver des applications dans d’autres maladies inflammatoires que la goutte.
La goutte est une maladie inflammatoire, touchant rien qu’aux Etats-Unis cinq millions de personnes hyperuricémiques, à risque articulaire, puisque l’acide urique en excès dans le liquide synovial peut précipiter en cristaux d’urates, un risque qui apparaît quand l’uricémie dépasse le seuil standard de 60 mg/L (360 micromoles/L). Il y aurait en France quelque 600.000 hyperuricémiques, dont 25 % à risque cardiovasculaire. La prévalence de la goutte augmente avec l’âge, notamment du fait de la lenteur de formation des dépôts d’urate.
Il faut rappeler que l’uricémie est un paramètre biologique facile à mesurer périodiquement au laboratoire d’analyses médicales. Mais la maladie, c’est la goutte (l’arthrite inflammatoire), car le taux sanguin d’acide urique peut être élevé sans symptômes articulaires.
Mar 28 Sep - 19:31