Le dernier bilan arrêté au 6 janvier montre bel et bien que beaucoup reste à faire. Sur les 147.000 abonnés convoqués, plus de 17.000 n’ont pas répondu à l’appel vu
que leurs convocations ont été retournées à l’expéditeur. Le nombre de dossiers traités a été de l’ordre de 67.000 pour 60.000 cartes reçues et dont 40.000 ont été délivrées. Selon le directeur de l’agence CNAS d’Oran, «si au niveau de certains centres payeurs,l’opération de remise des cartes a atteint un taux appréciable, dans d’autres,elle est encore au stade de traitement des dossiers». Cependant, le retard ne se situe pas uniquement à ce stade, mais certains bénéficiaires avancent que leurs cartes sont inopérantes vu qu’elles n’ont pas été activées.Ils ont eu à le vérifier en les présentant au niveau des officines au moment de servir le traitement.
Ce manquement a été confirmé par le premier responsable local de la caisse qui précise que la Direction générale a pris acte de cet état de fait, exigeant des dispositions pratiques pour débloquer la situation. Selon notre interlocuteur,il est question actuellement d’amener toutes les parties concernées à faire usage de cette carte et cela avant la fin du présent trimestre.Sur la question de l’activation des cartes destinées à quelque 38.000 malades chroniques, la catégorie de bénéficiaires
concernée pour un premier temps avant de passer aux ayants droit,des carences techniques ont été observées et l’activation comme la mise à jour, une opération ne nécessitant que quelques minutes, devra se faire en même temps que la remise de la carte à son bénéficiaire. Or, sur le terrain, on demande à ce dernier de revenir dans un mois pour son activation. Selon, le directeur de la caisse, cette défaillance a été enregistrée notamment au centre payeur Othmania où, selon lui, les 3
Des 10 wilayas retenues pour la mise en oeuvre de la carte Chifa, lancée en avril 2008, celle d’Oran est la dernière, alors qu’à Annaba, à titre d’exemple, l’usage
de cette carte magnétique, aussi bien pour les malades chroniques que les autres assurés, est une réalité. Il en est de même à Tlemcen et à Boumerdès.
agents habilités à cette technique et seuls détenteurs du code d’accès au système ne sont plus en mesure de le faire. Explication : deux ont été limogés alors que l’autre a «perdu» le code.En fait, une situation burlesque, mais qui pénalise des milliers de malades.Du coup, la confusion s’est installée et renseigne un peu plus sur l’absence des conditions de lancement de l’opération.Certains parleront même de cartes périmées,c’est-à-dire dont la carte de validation a expiré. Mais cela peut s’expliquer
également par la fin de la durée de l’ouverture aux droits. Sur cette question, il faut rappeler que l’assuré doit fournir annuellement un dossier comprenant notamment l’attestation de travail (ATS) remplie par l’employeur ainsi qu’une fiche familiale d’état civil,lui permettant de bénéficier du remboursement des frais médicaux et
autres avantages inscrits au titre de la couverture sociale. Cette démarche est encore en vigueur en dépit de la mise en place de la carte Chifa. L’autre argument
avancé par le directeur de l’agence d’Oran de la CNAS est l’entêtement de certains assurés à vouloir toujours faire usage de leurs livrets de tiers payant alors qu’ils ont déjà leurs cartes magnétiques.L’autre élément permettant d’évaluer le taux d’avancement de ce projet, certes moderne, mais très coûteux, demeure les pharmaciens d’officines conventionnées qui se disent déroutés. En effet, sur les 550 pharmacies conventionnées de la wilaya d’Oran, 220 ont été enrôlées. Pour le moment, 220 d’entre elles sont activées, c’est-à-dire équipées de lecteurs de cartes et pouvant être opérationnelles pour l’usage. Ce retard considérable fait craindre d’autres
défaillances à l’avenir du fait que le plus gros morceau reste d’imposer l’utilisation de cette carte au niveau des prescripteurs. Cela constituera une autre bataille à laquelle les gestionnaires locaux de la caisse doivent prendre toutes les dispositions adéquates pour un passage en douce. Pour rappel, à Annaba,certes qui a fait partie des 5 premières wilayas choisies, les médecins prescripteurs sont déjà à l’heure de la carte Chifa. Qu’en sera-t-il pour Oran ?Mais du côté des assurés qui se sont
manifestés et ayant pris possession de leurs cartes, les appréhensions sont grandes. Ils font même un parallèle avec ce qu’ils ont enduré avec la mise en pratique de la carte magnétique par Algérie-Poste en remplacement du chèque.Pour eux, malgré toutes les explications qu’ils ont reçues au cours des portes ouvertes sur les avantages de cette carte Chifa, dans la pratique plusieurs zones d’ombre persistent, notamment pour les malades chroniques qui seront les premiers à en pâtir. Explications : «Même avec le livret donnant droit à la gratuité des médicaments, le malade ne se fait rembourser les 80% du montant de la consultation étant donné que la feuille de maladie est conservée par le pharmacien conventionné.Du coup, il ne pourra pas déposer cette dernière au niveau du centre payeur», nous dira un malade qui précise dans la foulée que «déjà le niveau de remboursement est en complète inadéquation avec les tarifs pratiqués par les prescripteurs privés, tarifs dépassant
de très loin la nomenclature des tarifs des actes médicaux élaborée en 1987 avec 100 et 200 DA pour les visites de généralistes et de spécialistes. Or, actuellement
ces tarifs ont été quadruplés », devait rappeler notre interlocuteur.Revenant à cette dernière trouvaille de la CNAS et qui, de par l’inviolabilité de la carte, projette de diminuer sensiblement la facture des remboursements des frais médicaux, le même problème risque de se poser du fait que les prescripteurs, notamment privés, ont
déjà manifesté leur refus de cette disposition qui les contraindra à revenir aux anciens tarifs. Pour ces derniers, ils ne l’adopteront qu’une fois une nouvelle nomenclature des tarifs plus adaptée est mise en pratique.
le quotidien d'oran du 21 janvier 2009