Faut-il continuer à faire confiance au gouvernement sur les questions de santé ? Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès a annoncé lundi que l'Etat va dégager quelques 100 millions d'euros pour pallier le manque d'une quarantaine de médicaments indisponibles actuellement sur le marché. L’annonce de M. Ould Abbès est en totale contradiction avec les affirmations de son prédécesseur Said Barkat qui avait toujours nié l’existence d’une quelconque pénurie de médicaments dans les pharmacies et les hôpitaux. Comme il l’avait aussi fait pour les vaccins pour nourrissons.
Pourtant, des pharmaciens, des médecins et des malades se plaignent depuis plusieurs mois de la rareté de plusieurs médicaments indispensables pour le traitement des maladies graves comme le cancer, le sida, le diabète
Cette pénurie est-elle due au manque d’argent ? Peu probable. L’Algérie, avec des réserves de change de plus de 140 milliards de dollars, a les moyens financiers pour importer les médicaments. Le gouvernement a certes décidé en 2008 d’interdire d’importation de nombreux médicaments fabriqués localement, mais les anticancéreux ne sont pas concernés parce qu’ils ne sont pas produits en Algérie. Qu’est ce qui explique dans le cas la pénurie fréquente de traitements indispensables pour de nombreux malades chroniques algériens ? Le ministère de la Santé ne fournit pas d’explications.
L’annonce de M. Ould Abbès de mettre à la disposition de la pharmacie centrale des hôpitaux cette enveloppe de 100 millions d’euros pour importer les médicaments renseigne en fait sur la gestion à la hussarde de la santé des Algériens. Pour un pays dont la facture d’importation avoisine les 40 milliards de dollars par an, la facture totale du médicament (2 milliards de dollars) par an semble dérisoire. Le gouvernement cherche à faire des économies au détriment de la santé des Algériens alors qu’il peut agir sur d’autres dépenses comme l’importation des confiseries, chocolats, faïence, quincaillerie, etc.
Car, il n’y a pas que les anticancéreux qui manquent : beaucoup d’autres médicaments, tout aussi indispensables, ne sont pas disponibles dans les pharmacies. Aujourd’hui à Alger, un malade est souvent obligé de faire le tour de plusieurs pharmacies pour chercher les médicaments prescrit par son médecin. Et souvent, il ne trouve pas la totalité du traitement.
Riyad Hamadi
T.S.A