Dix fois plus rentable que le trafic de drogue, des centaines de milliers de morts chaque année, un chiffre d’affaire de plus de 75 milliards de dollars par an. Pourtant, le trafic de médicaments falsifiés a bien du mal à se faire une place dans les débats politiques.
Du 27 au 29 septembre, une table ronde sur les faux médicaments en Afrique de l’Ouest, première victime de ce trafic, se tiendra à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. « Deux ans après l’appel de Cotonou, le trafic de médicaments falsifiés demeure un problème de santé publique mondiale », constate le Pr. Marc Gentilini, Délégué Général du programme pour l’accès aux médicaments et à une santé de qualité à la Fondation Chirac. « Le marché n’est voué qu’à prendre de l’ampleur avec la croissance démographique, poursuit-il. Sans un engagement politique, aucune lutte ne peut-être envisagée ». Rendant hommage aux pharmaciens « initiateurs de ce débat depuis 2006 », le Pr. Gentilini rappelle que « l’accès à la santé, droit fondamental de chaque être humain, passe par l’accès aux médicaments ».
Isabelle Adenot, présidente de l’ordre des Pharmaciens, sera présente à Ouagadougou. « Le trafic de médicaments falsifiés est un véritable crime organisé qui tue chaque jour des enfants avec des sirops dont l’ingrédient principal est l’huile de moteur », s’indigne-t-elle. Les pays les plus pauvres sont les premières cibles du trafic. En Afrique, les insuffisances rénales, très répandues, sont pour la plupart provoquées par les médicaments falsifiées. Plus de 200 000 personnes seraient mortes à cause d’un faux traitement contre le paludisme. « Certains pays, comme le Nigeria, sont ciblés comme producteurs, explique le Pr. Gentilini, il faut donc bâtir des barrières morales autour de ces pays afin d’endiguer le trafic ».
Le ministère des Affaires étrangères et européennes français, la Fondation Chirac, l’OMS, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sont à l’initiative du projet.
Etagères vides et chute du chiffre d'affaires : ces trafics fragilisent également les pharmaciens locaux, comme en Guinée, un pays confronté de plein fouet à la contrefaçon de médicaments (qui représentent 60 % du marché pharmaceutique local) et qui fait l'objet d'un reportage dans Impact Pharmacien du 28 septembre.
Juliette CHAIN
IMPACT-SANTE