A nouveau, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, insiste sur l’inexistence d’une pénurie de médicaments sur le marché national et parle plutôt de problème de distribution. C’était sa déclaration, mercredi dernier, en marge d’une réunion avec le comité de suivi de la réalisation du projet algéro-émirati de fabrication de solutés massifs. A son tour, le directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), Cherif Delih, dans une déclaration à la radio nationale, a assuré qu’une quantité considérable de produits manquants, à usage hospitalier, particulièrement nécessaires au traitement de l’hémodialyse, vient d’être distribuée aux hôpitaux. A Oran, le médicament en rupture de stock, utilisé dans le traitement du sida, est aussi disponible depuis quelques jours. Si l’on croit les dires des deux responsables, le nécessaire est fait pour contourner la vraie ou la fausse pénurie des médicaments vitaux et prévenir le pire. Tant mieux. sauf qu’il ne s’agit là que de déclarations optimistes de deux responsables qui se voient obligés d’agir de la sorte pour échapper à une colère grandissante des malades et des médecins. Pour cause, le problème est réel. Il y a bel et bien pénurie des médicaments et cela concerne des produits vitaux. Des pharmaciens ne cessent de s’en plaindre. Sans dramatiser, le ministre Djamel Ould Abbès accuse des distributeurs de médicaments d’en être à l’origine et affirme avoir lancé une enquête pour identifier les présumés coupables et les sanctionner sévèrement. Des mots, juste des mots, diront de nombreux malades, et autres proches du domaine de la santé, pour la simple raison que ces menaces ont été proférées déjà, à plusieurs reprises, par l’actuel ministre et ses prédécesseurs. Des menaces contre les barons de la distribution, contre les pharmaciens véreux, contre les cliniques privées et bien d’autres «cibles», sans toutefois les atteindre. Sinon quelques-unes seulement qui sont les dernières de la chaîne. Les vrais responsables des défaillances du système de santé en Algérie sont souvent épargnés, voire protégés. Affirmer donc à chaque déclaration de presse que des enquêtes sont en cours ou seront lancées pour démasquer les vrais coupables et les punir de la façon la plus sévère ne sert absolument à rien. Les paroles, les promesses ne servent à rien surtout que cela se répète depuis plusieurs années sans résultat valable sur le terrain.Ce qu’il faut, c’est agir avec des actes concrets. Des décisions fermes appliquées rapidement sur le terrain avec toute la rigueur nécessaire. Le système de santé en Algérie doit être «nettoyé» de ses parasites qui viennent de l’extérieur mais aussi de son intérieur même. Relever un tel challenge ne pourrait aboutir sans l’implication de tous les concernés, à savoir les malades, les médecins, les responsables de l’administration centrale, les pharmaciens…et tous les intervenants dans la chaîne du médicament et autres. Mais cela reste un rêve…tant des maux de toutes sortes le rongent de partout.
Karima Mokrani
La tribune du 20-08-2011