Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi certaines personnes pouvaient dormir dans des environnements bruyants, alors que d’autres se réveillaient au moindre craquement ? Un compte-rendu publié dans Current Biology éclaire ce mystère : ceux qui arrivent à dormir dans le bruit ont des rythmes cérébraux différents.
"Nous avons découvert qu’en mesurant les ondes cérébrales pendant le sommeil, nous pouvions en apprendre beaucoup sur la capacité du cerveau à bloquer les effets négatifs du bruit. Plus votre cerveau produit de "fuseaux de sommeil", et plus vous resterez endormi, même confronté au bruit" explique Jeffrey Ellenbogen de Harvard.
Pendant le sommeil, les ondes cérébrales ralentissent et s’organisent. Les "fuseaux de sommeil" font référence à de brèves explosions d’ondes de fréquence plus rapides, de 15 à 18 c/s et dont l’amplitude croît et décroît. Ces "bouffées" d’activité sont générées par une partie du cerveau appelée le thalamus, qui sert de carrefour pour la plupart des types d’information sensorielle (tous sauf l’odorat).
"Le thalamus empêche probablement l’information sensorielle d’atteindre les régions du cerveau qui perçoivent et réagissent au son" dit Ellenbogen. "Et nos données apportent des preuves que le fuseau de sommeil est un marqueur de ce blocus. Plus de fuseaux signifient un sommeil plus stable, même quand on est confronté au bruit."
Ellenbogen déclare que lui et ses collègues ont été surpris de la magnitude de l’effet des fuseaux de sommeil. Ils ont observé les cerveaux des participants de l’étude pendant qu’ils dormaient au laboratoire pendant trois nuits. La première nuit était tranquille, et la seconde et la troisième étaient bruyantes, car les chercheurs ont introduit tout un ensemble de bruits : sonneries de téléphone, discussions, sons mécanique d’hôpital, etc. "L’effet des fuseaux de sommeil était si prononcé que nous pouvions le voir après une seule nuit" dit-il.
Les chercheurs déclarent qu’ils espèrent pouvoir concevoir des moyens d’augmenter les fuseaux de sommeil via des techniques comportementales, médicaments ou appareillages, mais ne savent pas encore comment.
Ellenbogen ajoute que de telles avancées seraient les bienvenues étant donné que nos environnements de sommeil sont devenus très complexes et problématiques, avec tous ces petits bruits de nos vies modernes encombrées. Tout comme dans les hôpitaux où certains bruits sont nécessaires (les moniteurs de contrôle et leurs alarmes par exemple). Le but sera de trouver des solutions qui intègrent une personne qui dort dans son environnement moderne, à tel point que son sommeil soit conservé même dans le bruit.