Les mots du conseil
Au comptoir, devant une plainte oculaire, la démarche à adopter doit permettre d’écarter tous signes de gravité et d’identifier les patients à risque pour lesquels un avis médical est requis.
Un trouble s’accompagnant d’une douleur, d’une photophobie et d’une baisse de la vision doit obligatoirement faire l’objet d’une consultation spécialisée en urgence, par un ophtalmologiste. Une impression d’éclairs lumineux ou de voile noir (décollement de la rétine), la présence d’un corps étranger ou un traumatisme sont également des signes de gravité nécessitant une prise en charge médicale rapide. De même, une consultation médicale s’impose si les symptômes évoqués par le patient sont récurrents ou persistants.
Certaines pathologies sont associées à des troubles oculaires. Aussi, les patients diabétiques et les patients souffrant de maladies inflammatoires rhumatismales (spondylarthrite ankylosante) ou de maladies neurologiques (sclérose en plaques) doivent faire l’objet d’une vigilance accrue. Les porteurs de lentilles de contact constituent également une population à risque de développer des troubles oculaires, notamment en cas de mauvaise manipulation des lentilles ou d’un usage inapproprié. Dans tous les cas, les lentilles de contact doivent être retirées et le port provisoire de lunettes de vue est recommandé.
Le pharmacien doit prendre connaissance des traitements chroniques suivis par le patient. En effet, certains médicaments sont susceptibles de présenter des effets secondaires au niveau des yeux (médicaments induisant une sécheresse oculaire). En cas de suspicion, le patient sera orienté vers son médecin traitant afin de réévaluer le traitement en cours.
Quelle que soit la situation, il est indispensable de rappeler les mesures d’hygiène à respecter (ne pas se frotter les yeux, se laver les mains, éviter de partager le linge).
Les produits du conseil
Irritation oculaire.
L’objectif est de soulager les symptômes de l’irritation et de prévenir une surinfection. Outre l’éviction du facteur irritant, le traitement repose sur un lavage oculaire avec du sérum physiologique ou l’association borax/acide borique (Dacryum, Dos’Optrex), complété par un collyre anti-irritation à base d’acide salicylique (Antalyre, Sophtal), d’euphrasia (Homeoptic) ou de plantain (Sensivision), et par un collyre antiseptique si nécessaire.
Conjonctivite virale et bactérienne.
L’objectif est de nettoyer les sécrétions et de limiter l’infection. Le traitement repose sur un lavage oculaire et l’instillation d’un collyre antiseptique plusieurs fois par jour à base d’hexamidine (Désomédine) ou de céthexonium (ammonium quaternaire).
Conjonctivite allergique.
L’objectif est de limiter la réaction allergique et de calmer l’irritation et les autres symptômes allergiques. Outre l’éviction de l’allergène, le traitement repose sur un lavage oculaire associé à un collyre anti-allergique à base de cromoglycates (Humex conjonctivite allergique, Ophtacalm Free) ou d’antihistaminique H1 (Allergiflash). En raison de l’effet allergisant des conservateurs (chlorure de benzalkonium par exemple), il est préférable d’utiliser des présentations en unidoses ou sans conservateurs. Un traitement général antihistaminique (cétirizine, loratadine) par voie orale peut être associé au traitement local.
Kératite phototraumatique.
L’objectif est de diminuer l’inflammation et de soulager la douleur. Il est recommandé au patient de rester dans la pénombre ou d’appliquer une compresse sur l’œil pendant plusieurs heures. En complément, un collyre anti-irritation et un produit à visée cicatrisante (vitamine A ou B12) peuvent être conseillés. L’application d’eau de bleuet ou de rose peut avoir un effet apaisant.
Sécheresse oculaire.
L’objectif est de lubrifier l’œil. Les collyres sont instillés plusieurs fois par jour, aussi souvent que nécessaire. Les larmes artificielles à base de chlorure de sodium isotonique sont des produits à faible viscosité. Les polymères (carbomère, polyéthylène glycol 400, acide hyaluronique) présentent une viscosité plus haute et ont une durée d’action plus longue (Aqualarm up intensive, Systane, Vitadrop, Hyaline, Hyabak). Les liposomes agissent sur la couche lipidique du film lacrymal (Vyseo Tears again).
Dans tous les cas, il est important de vérifier que le produit conseillé est compatible avec le port de lentilles de contact.
Orgelet et chalazion.
L’objectif est de soulager la douleur et de prévenir une surinfection. Il est conseillé d’appliquer des compresses mouillées chaudes pendant 10 minutes trois à quatre fois par jour pour permettre l’évacuation du contenu de la glande. En complément, une pommade et un collyre antiseptiques seront préconisés.
› DAVID PAITRAUD
Source : Rôle du pharmacien face aux affections oculaires – Fiche technique Cespharm, février 2008
Le Quotidien du Pharmacien du : 14/05/2012