Les placébos réduisent la douleur en créant une attente de soulagement. La distraction, comme faire un puzzle, permet de soulager la douleur en occupant le cerveau. Mais ces deux phénomènes utilisent-ils les mêmes processus cérébraux ? L’imagerie cérébrale suggère que oui.
Quand on applique un placebo, les scientifiques voient une activité dans le cortex préfrontal dorsolatéral. C’est la partie du cerveau qui contrôle les fonctions cognitives de haut niveau comme la mémoire de travail et l’attention, qui est ce que vous utilisez pour faire ce puzzle si distrayant.
Une étude, publiée dans Psychological Science [1], a cherché à questionner la théorie selon laquelle l’effet placébo est une fonction cognitive de haut niveau. Les auteurs ont réduit la douleur de deux façons : soit en donnant un placebo, soit une tâche de mémoire ardue. Mais quand ils ont mis les deux ensembles, le niveau de réduction de la douleur que les sujets ont vécu a augmenté. Il n’y avait pas d’interférence entre eux" dit Buhle. "Cela suggère qu’ils reposaient sur des mécanismes séparés". Ce qui pourrait aider les cliniciens à maximiser le soulagement de la douleur sans recours aux médicaments.
L’étude avait recruté 33 participants pour trois sessions séparées. Dans la première, les expérimentateurs ont appliqué de la chaleur sur la peau avec une petite assiette en métal et ont ajusté la douleur perçue de chaque individu. Dans la seconde session, certains individus ont appliqué une crème ordinaire sur la peau dont on leur avait dit qu’il s’agissait d’un puissant analgésique. Les autres ont mis ce qu’ils croyaient être une crème ordinaire pour les mains.
Dans les essais placebo seulement, les participants devaient fixer une croix sur l’écran et évaluer la douleur qu’ils ressentaient causée par de nombreuses applications de chaleur - du même niveau, bien qu’on leur disait qu’elle variait. Pour les autres essais, ils ont réalisé une tâche de mémorisation compliquée - distraction et placebo simultanément. Pour la troisième session, ceux qui avaient la simple crème ont reçu "l’analgésique" et vice-versa. La procédure était la même.
Les résultats ont montré qu’il s’agisse de la tâche de mémorisation ou le placebo seul, les participants ont moins senti de douleur que pendant les essais où ils ne faisaient que fixer la croix. Ensemble, les deux effets se sont additionnés ; ils n’interagissaient pas ni n’interféraient entre eux. Les données suggèrent que l’effet placebo ne nécessite pas d’attention exécutive ou de mémoire de travail.
Qu’en est-il de l’imagerie cérébrale ? "L’imagerie cérébrale est formidable" dit Buhle, "mais comme chaque région du cerveau fait plusieurs choses, quand vous voyez une activation dans une région, vous ne savez pas quel processus cognitif la dirige." Cette étude a testé la théorie sur la façon dont fonctionnent les placébos grâce à une observation directe.
Ces résultats sont prometteurs pour le soulagement de la douleur. Les cliniciens utilisent à la fois les placebos et la distraction, comme par exemple dans les unités des grands brûlés. Mais ils ne savaient pas vraiment si l’un pouvait diminuer l’efficacité de l’autre. "Cette étude montre que vous pouvez les utiliser ensemble" dit le chercheur, "et obtenir le maximum d’effet pour un minimum de médication."
]1] Jason T. Buhle, Bradford L. Stevens, Jonathan J. Friedman, Tor D. Wager. Distraction and Placebo : Two Separate Routes to Pain Control. Psychological Science, 2012.
Charlatans.info
Mer 8 Fév - 21:40