Un vieux pêcheur à la retraite, malade et fatigué, habitait chez son fils, sa belle-fille et leur fils de 8 ans, comme c’était la tradition en ce temps-là.
Les mains du vieil homme tremblaient et sa vue n’était plus tellement bonne, ce qui rendait la tâche difficile quelquefois… surtout à l’heure des repas, car tout comme un enfant, il faisait tomber malgré lui de la nourriture sur le plancher. Parfois, c’est une assiette qui volait en éclats ou un verre de lait qui était renversé sur la nappe.
Un matin la belle-fille dit à son mari… « Il faut faire quelque chose avec ton père, je suis fatiguée de tout ramasser. »
Alors il fut décidé d’installer une petite table dans un coin de sa chambre… où il pourrait manger à l’avenir… Ainsi, pendant les repas, plus personne n’aurait à subir ses maladresses. On lui dénicha aussi un petit bol en bois afin qu’il n’y ait plus de vaisselle cassée.
Quand arrivait l’heure des repas, le jeune garçon jetait un coup d’œil vers la chambre de son grand-père… des larmes roulaient sur sa joue fripée…
Un soir avant le souper, le père vit son fils s’amuser dans l’atelier… « Que fais-tu là fiston ? »
« Je fabrique un bol en bois pour toi et maman, quand vous serez trop vieux et maladroits pour manger à table avec nous. »
Le père incapable de dire un seul mot — nous oublions trop souvent que nous aussi, nous vieillirons un jour — ne put fermer l’œil de la nuit.
Le lendemain matin, en s’éveillant, il raconta toute l’histoire à son épouse… et quand arriva l’heure du déjeuner… il prit son père par la main et le fit asseoir avec eux à table. Cette fois-ci, les larmes qui coulaient sur la joue du grand-père étaient des larmes de joie !
Lorsqu’on laisse parler son cœur, pas besoin de choisir ses mots ni ses gestes… le cœur entend bien mieux que les oreilles !