On sait combien la contraception joue un rôle crucial, néanmoins cette étude réalisée par des chercheurs du Centre d'épidémiologie de la Boston University School of Medicine (BUSM) sur près de 54.000 participantes afro-américaines relance la controverse sur contraception et risque de cancer du sein. L’étude vient de conclure – à nouveau - que les femmes, ici afro-américaines, utilisatrices de contraceptifs oraux présentent un risque plus élevé de développer un cancer du sein que les non utilisatrices. Une étude financée par l'Institut national américain du cancer et publiée en ligne dans la revue Cancer Epidemiology Biomarkers and Prevention.
Ces recherches sont fondées sur l’analyse des données de la Black Women's Health Study (BWHS), une vaste étude de suivi de 59.000 femmes afro-américaines à travers les États-Unis menée par des chercheurs du Slone Epidemiology Center depuis 1995. Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme dans les pays riches. Avec près de 50.000 nouveaux cas estimés chaque année en France, le cancer du sein représente près de 37% de l'ensemble des nouveaux cas de cancers féminins. Aux Etats-Unis quelque 200.000 femmes ont un diagnostic de cancer du sein, chaque année. La plupart de ces cancers sont positifs pour les récepteurs hormonaux, c’est à dire répondant à l’effet « facteur de croissance » des estrogènes et/ou de la progestérone.
Les chercheurs ont donc suivi 53.848 participantes de l’étude BWHS durant 12 années, période durant laquelle 789 cas de cancer du sein ont été recensés. L'incidence de cancers avec absence de récepteurs aux oestrogènes était 65% plus élevée chez les femmes utilisatrices de contraceptifs oraux que chez les non-utilisatrices.
Selon les chercheurs, l'augmentation du risque était la plus importante pour les femmes qui avaient utilisé des contraceptifs oraux au cours des cinq années précédentes et dont l'usage avait duré 10 ans ou plus. Cette augmentation du risque s’est également révélée plus importante pour les cancers négatifs pour les récepteurs hormonaux que pour les cancers positifs pour les récepteurs hormonaux. Les tumeurs avec présence de récepteurs d'œstrogènes ont un meilleur pronostic, car la présence de récepteurs hormonaux dans la tumeur permet d’envisager un traitement hormonal substitutif.
L'auteur principal, le Pr. Lynn Rosenberg, directeur associé du Centre d'épidémiologie de Slone et professeur d'épidémiologie à la Boston University School, souligne le fait que les formulations des contraceptifs oraux ont évolué au fil du temps, d’où l’intérêt d’évaluer régulièrement leurs effets sur le risque de cancer du sein