Des chercheurs de l’Inserm viennent de découvrir les « secrets » du mécanisme de blocage de la production de glucose hépatique induit par la metformine (ou Glucophage®), indiquée dans l’hyperglycémie des patients atteints de diabète de type 2. Ce médicament agirait sur le fonctionnement des mitochondries pour inhiber la production de glucose. La metformine activerait également une enzyme essentielle dans le contrôle du métabolisme qui peut réduire la stéatose hépatique, une accumulation de lipides dans le foie. Ces résultats sont publiés dans le Journal of Clinical Investigation.
La metformine, qui réduit l'hyperglycémie en diminuant la production de glucose par le foie, est le médicament le plus prescrit pour traiter les patients atteints de diabète de type 2. Pourtant, le mécanisme de cet antidiabétique oral commercialisé en France depuis 1979, utilisé avec succès en particulier chez les patients en surpoids ou obèses, restait encore à ce jour non élucidé.
En 2001, une équipe américaine avait montré que la metformine activait une enzyme sensible aux variations des niveaux d'énergie dans la cellule : l'AMPK (AMP-activated protein kinase).
Dans cette nouvelle étude, Marc Foretz, chercheur au CNRS, Benoit Viollet, chercheur à l'Inserm et leurs équipes démontrent que la modulation de l'activité de l'AMPK n'a pas de conséquence directe sur la régulation de la production de glucose par le foie : Le mode d'action à court terme de la metformine est indépendant de l'AMPK et d'un effet génique.
La metformine inhibe la production de glucose hépatique par un mécanisme purement énergétique en modifiant le fonctionnement des mitochondries, un organite cellulaire produisant de l'énergie sous forme d'ATP. L'administration de metformine entraîne une diminution de la production d'ATP dans les cellules du foie, suffisante pour réduire le flux de la production de glucose hépatique.
Par ailleurs, les chercheurs suggèrent que l'activation de l'AMPK par la metformine pourrait améliorer la stéatose hépatique, une accumulation de lipides dans le foie fréquemment associée au diabète de type 2.
"Ce travail a permis d'identifier un nouveau mécanisme permettant le contrôle de la production de glucose dans le foie et offre également des perspectives thérapeutiques dans le traitement de la stéatose hépatique", concluent les auteurs de l'étude.