Les anticorps monoclonaux constituent la plus grande classe de médicaments biothérapeutiques. Administrés à des organismes infectés en vue de bloquer la propagation de virus pathogènes, ils pourraient aussi induire une réponse immunitaire antivirale durable et protectrice ressemblant à une vaccination. Obtenus chez la souris par le groupe "Oncogenèse et Immunothérapie" de l'Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier (CNRS/Universités de Montpellier 1 et 2), ces résultats sont publiés le 10 juin dans PloS Pathogens. Ils sont porteurs d'espoir pour soigner certaines infections virales chroniques graves.
Les anticorps (AC) sont des molécules produites par le système immunitaire pour se défendre contre les cellules cancéreuses et les agents infectieux. Certains d'entre eux, les anticorps monoclonaux (1), peuvent être développés et produits en masse pour traiter diverses pathologies : cancers, pathologies inflammatoires, maladies infectieuses......Ils constituent ainsi la plus grande classe actuelle de médicaments biothérapeutiques et sont considérés avec de plus en plus d'intérêt pour soigner des infections virales chroniques graves comme celles par HIV (Virus de l'immunodéficience humaine) ou HCV (Virus de l'hépatite C), contre lesquelles les traitements actuels sont encore insuffisants.
Le seul mécanisme d'action des anticorps monoclonaux antiviraux véritablement considéré jusqu'à présent par la communauté médicale et scientifique était celui d'une neutralisation et élimination directe des virus dans les organismes infectés.
En utilisant un modèle de leucémie virale de la souris, le groupe "Oncogenèse et Immunothérapie" de l'Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier, dirigé par Marc Piechaczyk, vient de montrer qu'un traitement très court (quelques jours) par des anticorps monoclonaux antiviraux peut, dans certaines conditions, avoir un effet supplémentaire ressemblant à celui d'une véritable vaccination. Après trois semaines, alors que les AC monoclonaux injectés ont disparu, les chercheurs ont, en effet, détecté une réponse immunitaire antivirale puissante et soutenue dans le temps (plus d'un an), nécessaire aux souris pour échapper à la mort par leucémie.
L'équipe a identifié un mécanisme inattendu via lequel les AC monoclonaux induisent une immunité antivirale protectrice. Celui-ci repose sur la capacité des AC monoclonaux à reconnaitre, non seulement les particules virales circulantes, mais aussi certaines protéines virales exprimées à la surface des cellules infectées. Cette nouvelle donnée serait la clef pour déclencher une protection immunitaire. Elle devrait être prise en compte par les biologistes qui conçoivent et développent des AC monoclonaux thérapeutiques antiviraux.
Chez la souris, une cure précoce et courte d'anticorps thérapeutiques monoclonaux ciblant à la fois les virus et les cellules infectées par ces virus permet donc de soigner définitivement une infection chronique mortelle. Si cette observation est extrapolable à la situation humaine, elle se traduira non seulement par un bénéfice thérapeutique pour les patients, mais aussi pour la société en réduisant considérablement le coût des thérapies par anticorps monoclonaux qui sont ancore, pour une large part, prohibitives.
Note :
(1) Les anticorps monoclonaux sont des anticorps entièrement purs qui ne reconnaissent qu'un seul type d'antigène. Du fait de leur spécificité, que l'on peut facilement établir, ils sont de plus en plus utilisés en thérapeutique pour détruire sélectivement des cellules tumorales ou des virus ainsi que pour combattre certaines maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde.