La progéria de l'enfant, également appelée syndrome de Hutchinson-Gilford (décrite en 1886 par Jonathan Hutchinson et Hastings Gilford en 1904) est une maladie génétique dite "du vieillissement" extrêmement rare, on estime qu'elle touche un nouveau-né sur 4 à 8 millions. Néanmoins elle est très grave, et a des conséquences terribles pour le sujet atteint. La maladie n'existe pas à la naissance, et étant encore génétiquement trop mystérieuse, on ne peut pas la déceler à l'avance chez le nourrisson. Les premiers symptômes n'apparaissent que quelques mois plus tard, et l'enfant est alors frappé d'un vieillissement prématuré et accéléré.
Symptômes
La maladie touche les deux sexes. L'apparition des symptômes débute entre 18 et 24 mois. Ils se manifestent par une croissance retardée, une alopécie (accélération de la perte de cheveux ou de poiles), et une morphologie de la face caractéristique marquée par sa petite taille, de petites mâchoires, et un nez pincé. En évoluant, la maladie cause un vieillissement accéléré de la peau (rides, finesse), de l'athérosclérose (remaniement de l'intima des artères de gros et moyen calibre ), une ostéolyse des clavicules et des phalanges, des lipodystrophies (est une dystrophie du tissu graisseux, en général, de la région sous-cutanée.), et des problèmes cardio-vasculaires. Des troubles musculaires et squelettiques apparaissent, la taille des malades ne dépassant pas 110 cm pour un poids de 15 kg. Le développement mental n'est en revanche pas affecté. La plupart des enfants atteints de cette maladie meurent entre l'âge de 13 et 16 ans d'un vieillissement prématuré (le record de longévité d'un malade est de 26 ans).
En revanche les patients ne présentent aucune maturation sexuelle prématurée, ni de cancers comme souvent pour le vieillissement naturel.
cette maladie qui a été identifiée il y a un siècle demeurait un mystère total. Mais le 16 avril 2003 une équipe de chercheurs français menée par Nicolas Lévy est parvenue à déterminer le gène responsable de la maladie. Il s'agit du gène LMNA, situé sur le chromosome 1, et qui est déjà à l'origine de nombreuses maladies neuro-vasculaires. En temps normal, ce gène fabrique une protéine (la Lamine A) qui a pour rôle de maintenir la structure de l'enveloppe qui entoure le noyau des cellules de l'organisme. Le gène muté, qui est responsable de la maladie, produit quant à lui une protéine anormale qui ne remplit plus son rôle de maintien structural. La conséquence est que les cellules ne se divisent presque plus, donc ne se renouvellent plus, ce qui entraîne une altération des tissus du corps humain, ce que l'on appelle le vieillissement prématuré.
Aujourd'hui tous les espoirs sont donc permis pour que les chercheurs trouvent d'ici quelques années un moyen de soigner la progeria, et les autres maladies du vieillissement apparentées, et de rendre aux enfants atteints leur vie. Il existe plusieurs souches de souris ayant une maladie proche de la progeria humaine, comportant soit une mutation sur le gène LMNA, soit une mutation sur le gène Zmpste24 empêchant le détachement de la lamine de la membrane nucléaire. (Korf B, Hutchinson–Gilford Progeria syndrome, aging, and the nuclear lamina, N Eng J Med, 2008;358:552-555)
Diagnostic différentiel
Il existe d'autres syndromes, appelés « progéroïdes » comportant un vieillissement prématuré. Il s'agit du syndrome de Werner et du syndrome de Cockayne, les deux étant dues à des mutations affectant la réparation de l'ADN.
Traitement
La maladie est pour l'instant constamment mortelle avant l'âge adulte normal. Il existe cependant quelques pistes de recherche.
La progérine resterait attachée à la membrane nucléaire en raison de la fixation d'un groupe farnésyl sur celle-ci. L'inhibition de cette « farnésylation », soit par diminution de la synthèse de ce composant, soit par diminution de la fixation de ce groupe, semble avoir une certaine efficacité sur la déformation du noyau.
L'inhibition de la production en lamine pourrait être également une autre piste.
En avril 2009, deux essais cliniques ont eu pour but de tenter de ralentir la progression de la maladie chez les enfants atteints, l'un aux Etats-unis à Boston, l'autre en France, à Marseille (équipe du Pr Nicolas Lévy). Les américains testent une molécule utilisée en thérapie anti-cancer, qui bloque la fixation du groupe "farnésyle" sur la progérine. Cette molécule est de la famille des FTI (farnesyl-transferase inhibitor).
[url=http://www.clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT00425607?term=progeria&rank=3 ]http://www.clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT00425607?term=progeria&rank=3 [/url]
L'équipe marseillaise a démarré en octobre 2008 un essai prévoyant de traiter 15 patients pendant 2 ans, en combinant des injections régulières d'un amino-biphosphonate et la prise quotidienne d'un comprimé d'une statine. Les amino-biphosphonates sont utilisés principalement pour lutter contre l'ostéoporose de la femme ménopausée, mais aussi contre les atteintes osseuses dans certains cancers. Les statines sont le principal traitement prescrit contre l'hypercholestérolémie dans le monde. La combinaison de ces 2 médicaments vise à ralentir la fabrication du groupe farnésyle, donc à diminuer la quantité de progérine farnésylée produite.
[url=http://www.clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT00731016?term=progeria&rank=4 ]http://www.clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT00731016?term=progeria&rank=4 [/url]
Progéria et culture
Le film Blade Runner met en scène un personnage appelé J.-F. Sebastian qui s'avère être atteint de progéria, qu'il mentionne sous le nom de « syndrome de Mathusalem ».
En 1994 dans le 16e épisode (Vengeance d'outre-tombe) du feuilleton téléviséX-Files, un médecin a réussi à créer une méthode pour inverser les effets de la progéria pour rajeunir les humains.
En 1996, le film Jack met en scène Robin Williams comme un garçon atteint d'un problème de vieillissement. À la différence de la progéria, toutefois, il y a très peu de symptômes autres qu'un vieillissement rapide.
Dans la nouvelle de science-fiction Otherland écrite par Tad Williams, un jeune garçon adolescent (Orlando Gardiner) est atteint de progéria.
Le film Renaissance de Christian Volckman (2006) utilise le thème de la progéria.
Dans la série Dark Angel, certains des enfants génétiquement modifiés peuvent développer un vieillissement subit.
Le film Akira de Katsuhiro Ôtomo met en scène trois personnages télépathes atteints en contre-partie de progéria. La vieillesse de leurs corps montre la profondeur de leurs esprits.
Le livre "Protocole Sigma" de Robert Ludlum met en scène une intrigue autour de la découverte d'un "sérum de rajeunissement" élaboré après des expériences sur des enfants atteints de Progéria.
Dans le livre de Jean-Claude Mourlevat: "La troisième vengeance de Robert Poutifard" [ceci révèle un peu la fin de l'histoire] , le frère de la troisième personne sur laquelle Robert Poutifard veut se venger est atteint de Progéria, appelée "Hutchinson Gilford".
Dans le roman À l'estomac de Chuck Palahniuk, un personnage est atteint de progéria.
Dans le film Américain Freaks, la monstrueuse parade (de Tod Browning sorti en 1932), on peut voir un enfant atteint de progéria parmi les personnages de cirque qui étaient montrés au public comme des curiosités.
Dans la série "Fringe" 2 ème épisode une femme accouche d'un bébé qui grandit à une vitesse incroyable,et meurt de vieillesse 4 minutes après l'accouchement.
Enfant atteint de progéria (l'image en haut à droite représente un noyau cellulaire normal, celui d'en bas, un noyau déformé au cours d'une progéria).