Une fois n’est pas coutume, l’aboutissement de plusieurs années de recherche scientifique dans la région du Grand Mékong, située au Sud-Est de l’Asie (1), apporte une bouffée d’air frais dans l’horizon pourtant si noir qui pèse sur la biodiversité. Un nouveau rapport du WWF France, intitulé « Premières découvertes dans la région du Grand Mékong », fait ainsi état d’environ 1 068 nouvelles espèces animales, révélées entre 1997 et 2007, dont la plus grande araignée chasseuse du monde (Heteropoda maxima) arborant des pattes longues de 30 cm.
Chiromantis samkosensis, découverte en 2007 dans les montagnes cambodgiennes
Si dans la grande majorité des cas, les spécimens en question ont été découverts évoluant dans des zones humides ou des portions vierges de la jungle, certaines espèces ont fait exception en venant à la rencontre de l’homme plutôt que l’inverse. C’est le cas du Kha-nyou (Laonastes aenigmamus), considéré comme l’unique survivant d’une famille de rongeurs éteinte il y a quelque 11 millions d’années et repéré par des scientifiques dans un marché local de la ville de Thakhek au Laos. Tout aussi surprenante, la rencontre avec un crotale arboricole (2) a pris cadre dans un restaurant du parc national thaïlandais de Khao Yai, l’individu ayant été retrouvé sous la toiture de l’établissement.
Ce sanctuaire composé de 6 pays et traversé par le Mékong, décrit par le WWF comme le cours d’eau le plus riche en terme de biodiversité, va néanmoins devoir faire face dans les années à venir à un essor économique accéléré et à une importante croissance démographique. Or, cette pression pourrait bien remettre en question l’avenir de ce refuge de la biodiversité.
Cécile Cassier