Samedi, le journal Le Parisien a publié un article dans lequel il s'inquiète des effets secondaires d'un médicament prescrit contre la calvitie. Connu sous le nom de Propecia, celui-ci serait lié à un risque d'impuissance. Un effet secondaire "parfaitement connu" et "réversible" selon l'Afssaps.
Prescrit à 32.000 Français en 2010, le Propecia, médicament indiqué contre la calvitie est au coeur d'une polémique déclenchée par le journal Le Parisien. Samedi, le quotidien a en effet publié un article dans lequel il s'alarme des risques d'impuissance lié au médicament. Un effet secondaire qui figure en fait dans la liste mentionnée par la notice du médicament mais que les médecins pensent réversible. Or, "certains patients disent aujourd'hui souffrir d'une impuissance quasi totale", même des mois après l'arrêt du Propecia. Aux Etats-Unis, De nombreuses plaintes ont ainsi été enregistrées et un forum a même été créé : "certains se retrouvent avec un taux de testostérone équivalent à celui d’hommes de 80 ans", décrit Mike, un Américain qui a fondé le principal forum de victimes, Propeciahelp cité par le Parisien.
Pourtant, de son côté l'Agence française du médicament (Afssaps) relativise la situation. "Les effets secondaires de ce traitement sont parfaitement connus", réagit le directeur général de l'Agence, le Pr Dominique Maraninchi, qui renvoie à la notice d'utilisation du Propecia sur le site de l'agence. Celle-ci indique en effet comme possibles effets secondaires "troubles de l'érection, diminution de la libido, diminution du volume de l'éjaculation". Des effets dus au principe actif du médicament, le finastéride qui a pour effet de bloquer l'action de l'hormone mâle, la testostérone, qui encourage la calvitie chez les hommes qui y sont sujets. Le problème réside en fait dans la réversibilité du phénomène. Selon l'expert, ces effets disparaitraient à l'arrêt du traitement.
Mais des données relevées au cours des trois dernières années témoigneraient du contraire selon le Parisien qui ajoute que celles-ci auraient même conduit le laboratoire Merck Sharp & Dohme (MSD) à modifier sa notice, mentionnant qu’environ "1% des patients connaît des troubles de l’érection", et reconnaissant surtout qu’ils peuvent perdurer après le traitement. Une analyse révèlerait ainsi que "le finastéride peut modifier en profondeur la chimie hormonale du cerveau", assène Michael Irwig, de l’université George-Washington, auteur d’une étude pour la revue Journal of Sexual Medicine.
Un exemple de la "relation bénéfice-risque"
Au vue de ces résultats, le Parisien indique ainsi dans son article que le médicament ferait en Europe l'objet d'une "surveillance renforcée" et que sa commercialisation pourrait être remise en cause en 2013. Informations que le quotidien tiendrait de l'Afssaps elle-même qui vient tout juste de les démentir. Selon le patron de l'Agence cité par l'AFP, l'affaire serait typiquement un exemple de la "relation bénéfice-risque" que chaque patient doit bien mesurer sans sous-estimer les effets secondaires. "Les cas d'impuissance sont rares, mais bien réels, et on n'en parle pas volontiers", insiste le Pr Dominique Maraninchi.
Du côté des praticiens, les avis sont partagés. "Pour moi, la majeure partie des troubles est transitoire. Mais en raison de son rôle sur les hormones, je déconseille très fortement ce médicament, surtout pour une utilisation 'esthétique'", explique le professeur Bernard Debré cité par le Parisien. D’autres en revanche, ne s'inquiètent pas des risques : "Je le propose à une dizaine de patients par jour. Tous ses effets secondaires ont été réversibles", maintient le dermatologue Pascal Reygagne.
La question reste donc : le risque d'impuissance est-il un risque à courir pour freiner - sans arrêter - la chute des cheveux ? La réponse est non pour un endocrinologue parisien qui a tenu à garder l'anonymat : "parmi ceux qui souffrent de ces effets, on ne sait pas combien seront impuissants à vie. J’en vois de plus en plus dans mon cabinet. Il s’agit d’hommes jeunes, condamnés à perpétuité à ne plus avoir de vie sexuelle pour une simple question de cheveux…". Contacté par le Parisien, le laboratoire MSD quant à lui, dit être "confiant dans la qualité de Propecia et des études scientifiques qui ont permis de le développer".
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