Le problème de pénurie des médicaments n’en finit pas de susciter l’inquiétude des malades et avec eux, les médecins et les opérateurs en pharmacie. «Cette année, c’est le sommet» s’est plaint hier un pharmacien d’El Biar, à Alger. «Ce n’est pas seulement l’insuline qui manque mais de nombreux autres médicaments pour toutes les pathologies…On n’arrive pas à satisfaire complètement une ordonnance» affirme le pharmacien. Avant même que ce dernier termine sa phrase, un citoyen arrive, un bout de papier entre les doigts. Il demande un médicament qui s’appelle «Aldomelyl». C’est le générique de «Aldomet». Il est prescrit pour les cas d’hypertension artérielle chez la femme enceinte. Le pharmacien hoche la tête, désarmé : «nous ne l’avons pas». C’est pourtant le générique, ce n’est même pas le princeps interdit depuis plusieurs années. Une interdiction décidée dans le cadre de la promotion du médicament générique mais aussi l’encouragement de la production nationale. Le pharmacien d’El Biar s’élève contre cette décision qu’il considère avoir été prise à la hâte, sans travail en amont: «ils décident comme ça d’interdire des médicaments à l’importation, alors que les producteurs nationaux n’y étaient pas encore préparés». Entre autres problèmes rencontrés par ces producteurs, leur approvisionnement en matière première. Une situation aggravée par une autre mesure contraignante: le credoc: «ils disent qu’ils vont procéder à un allégement du credoc mais ça prendra plusieurs mois, ce ne sera pas réglé de sitôt». Depuis plusieurs mois, voire une année au moins, des malades et des associations de malades, ainsi que des proches du domaine de la santé ne cessent de crier leur désarroi devant ce manque croissant des médicaments. Une situation qui pénalise notamment les malades chroniques, à leur tête les cancéreux qui souffrent de l’absence des drogues pour la chimiothérapie et la radiothérapie. Plusieurs fois interpellé sur cette question, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière réplique qu’il n’y a pas de manque, encore moins de pénurie mais de perturbations momentanées dans le circuit de la distribution et que tout se règlera rapidement. Depuis le temps qu’il fait ces déclarations, les mêmes à chaque occasion, rien ne change pour les malades. Ça va de mal en pis. «Ils touchent à la santé du citoyen» accuse un autre pharmacien dans la même commune de l’algérois
Karima Mokrani
La tribune du 1 juin 2011