LE POINT VERT DE LA PHARMACIE ET DE LA VIE
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 Me Mohand Issad tire sa révérence : Le départ d’un juste

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Date d'inscription : 27/10/2008

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MessageSujet: Me Mohand Issad tire sa révérence : Le départ d’un juste   Me Mohand Issad tire sa révérence : Le départ d’un juste Icon_minitimeSam 30 Avr - 13:33

Pour l’opinion publique et même pour les décideurs, feu Mohand Issad est l’incarnation du parfait avocat pour qui son métier est un sacerdoce.
Qu’on soit d’accord ou pas avec lui, l’homme ne laisse personne indifférent. Il force le respect par sa rectitude morale, sa probité intellectuelle et son engagement professionnel. Mohand Issad est une boule de nerfs. Tous les journalistes qui l’ont côtoyé ont dû sans doute «subir» ses accès d’adrénaline, mais ça finit toujours dans la bonne humeur tant l’homme est attachant. Il était tellement pointilleux y compris sur les subtilités de la langue de Molière, au point de reprocher aux confrères d’avoir déformé ses propos ou de s’être permis des extrapolations qui dépassaient sa pensée. L’avocat est comme cela, entier. Un jour qu’on l’avait pris en photo entouré d’une brochette de généraux à Club des Pins, juste après la crise de Kabylie, Issad eut une violente réaction : «Pourquoi m’avez-vous montré à la «une» de votre journal avec des généraux ? Qu’est-ce que les gens de mon village en Kabylie vont penser de moi, hein ? Moi je suis juste avocat, je ne fréquente pas les généraux et c’est eux qui sont venus vers moi… !» tempêta l’avocat, réellement affligé par ce cliché, qu’il pensait compromettant pour son image.

On a dû s’excuser moi et ma collègue photographe Louiza de Liberté pour éteindre le «volcan» Issad en pleine éruption.
Toujours à propos de la crise de Kabylie dont il a dirigé la fameuse enquête sur le printemps noir, le célèbre avocat a très mal vécu les critiques qui avaient accompagné son rapport, lui reprochant notamment de n’avoir pas situé les responsabilités. «Ce pays est incroyable ! Les gens ne savent pas lire apparemment. Quand je dis que le commandement de la gendarmerie a perdu le contrôle de ses troupes et que celui-ci a été parasité par des forces externes à son propre corps», cela veut dire quoi ? Dans l’intimité de son bureau, place des Martyrs, où il nous a reçu, Mohand Issad, a dit toute son amertume d’avoir été incompris, alors qu’il a jeté une grosse pierre dans le jardin des décideurs civils et militaires. Il cachait une peur bleue d’être taxé de «Kabyle de service».


Un redresseur des torts…à tort

Il en voulait d’autant plus qu’il aurait pu profiter allégrement de la mangeoire du régime à laquelle il était aimablement invité, comme le font de nombreux intellectuels indépendant de leur volonté. Au final, le grand avocat eut cette impression de s’être mis à dos et les gens de sa région (Kabylie) et les décideurs qui ont enterré son rapport qu’ils sûrent accablant». Ironie du sort, l’élève Yazid Zerhouni auquel Mohand Issad a donné ses premiers cours des sciences juridiques à la Fac d’Alger, eut raison de son maître…
A défaut de lui demander de revoir sa copie, le rapport Issad moura de sa belle mort dans les tiroirs de la République comme l’ont été les 124 jeunes assassinés par les gendarmes. Presque le même constat amer sur l’usage qu’on a fait (ou on n’a pas fait) de son rapport sur la réforme de la justice que Bouteflika lui confia.

«Le système de la justice est loin de suivre les recommandations du rapport (…) Je ne peux qu’être horrifié et peiné des condamnations prononcées à l’encontre des accusés, que la presse publie au quotidien. Je ne peux pas être fier de la justice de mon pays lorsque je vois ce grand nombre de mandats de dépôt et mandats d’arrêt internationaux». Mohand Issad, cet homme honnête, cet avocat intègre qui a refusé de servir d’escabeau du système, est parti mercredi avec ses blessures. Un homme juste avec lequel beaucoup ont été injustes. Mais pour la postérité, il aura été le maître incontesté et incontestable
.
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Hassan Moali
El watan du 30 avril 2011
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louisa

louisa


Nombre de messages : 267
Date d'inscription : 16/12/2010

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MessageSujet: Re: Me Mohand Issad tire sa révérence : Le départ d’un juste   Me Mohand Issad tire sa révérence : Le départ d’un juste Icon_minitimeSam 30 Avr - 16:53

Coléreux, méticuleux et perfectionniste, l’avocat Mohand Issad était fort respecté parmi ses pairs du bâtonnat d’Alger. Spécialiste en droit des affaires, il avait eu à prendre en charge plusieurs dossiers lourds liés notamment à l’arbitrage commercial international. Dans son cabinet de la place des Martyrs à Alger, il travaillait jusque tard dans la nuit. Presque sans arrêt. Il était toujours passionné, débordé même, par la volonté de faire du travail soigné, parfait. Il n’hésitait pas à montrer son irritation lorsque des journalistes lui posaient des questions mal formulées ou usant d’une langue défectueuse.

Fidèle à l’ancienne école du droit et de la littérature française, il avait une maîtrise, citée en exemple, de la langue de Molière. Sur le tard, il a appris l’arabe pour pouvoir plaider dans les tribunaux algériens où la langue d’Al Moutanabi est obligatoire. Exigeant avec ses collaborateurs, il n’avait aucune gêne à montrer parfois la tendresse d’un père aimant.

En 1999, Abdelaziz Bouteflika, à son arrivée au pouvoir, fait appel à lui pour présider la commission nationale de réforme de la justice. L’avocat prend à cœur cette nouvelle mission en travaillant pendant presque une année. L’analyse et les critiques faites du système judiciaire par la commission ont été saluées par tous les experts et les juristes. Remis à la présidence, le rapport a disparu de la circulation. Interrogé en 2007, sur le sort réservé à un rapport de plusieurs pages, Mohand Issad, fidèle à son franc parler, a eu cette réponse
: « Je n’en sais rien. Tout ce que je sais et ce que vous constatez, vous les journalistes, c'est que le système de la justice est loin de suivre les recommandations du rapport (…) je ne peux qu’être horrifié et peiné des condamnations prononcées à l’encontre des accusés, que la presse publie au quotidien. Je ne peux pas être fier de la justice de mon pays lorsque je vois ce grand nombre de mandats de dépôt et mandats d’arrêt internationaux ».

Son amertume était trop forte. Il était déçu par le fait que travail n’ait servi presque à rien. Bouteflika voulait visiblement impressionner au début de son premier mandat en engageant des réformes tous azimuts (réformes, écoles, États). Des réformes non suivies. « L’indépendance de la justice n’est pas seulement une bannière levée par la société civile et la presse, on ne peut parler d’indépendance que lorsqu’il y a une parfaite confiance dans le système juridique. Or, on constate tout à fait le contraire, sur ce, je m’adresse au pouvoir politique pour qu’il veille à garantir l’équité des jugements rendus par la justice », constatait avec colère Mohand Issad.

En 2001, après les événements sanglants de Kabylie, Bouteflika sollicitait une nouvelle fois l’avocat pour mener une enquête sur la mort de plus 120 jeunes dans la région après avoir été ciblés par des gendarmes. La Commission d’enquête, qui a rendu public son rapport en juillet 2001, a retenu deux hypothèses
: le commandement de la gendarmerie « a perdu le contrôle de ses troupes » et celle-ci « a été parasitée par des forces externes à son propre corps ». Des conclusions qui n’ont pas plu dans les hautes sphères de décision. Le rapport a vite été enterré. Et aucun responsable n’a été poursuivi mis à part un gendarme accusé d’avoir tiré sur le jeune Massinissa Guermah. Il a été reproché à la commission d’Issad de n’avoir pas cherché à identifier « les forces » externes qui avaient donné des ordres à la gendarmerie nationale. Elle n’a pas publié dans son intégralité la liste nominative des victimes décédées, torturées ou maltraitées dans les brigades de gendarmerie et dans les commissariats de police. Elle a omis aussi de publier la liste des gendarmes qui ont tiré et tué les jeunes émeutiers. Pourtant le communiqué de la Présidence de la République portant création d’une commission d’enquête sur « le printemps noir », précisait que celle‑ci aurait de « larges prérogatives ».

Mohand Issad est parti en emportant plein de secrets. Dernièrement
, l’avocat avait dénoncé la pénalisation de l’acte de harga, décidée par les autorités pour tenter d’empêcher les jeunes de prendre le large. « La question des harragas n’est pas un problème de droit, mais elle est d’ordre social et politique », avait‑il dit. Le jeune qui veut quitter le pays sans visa ne commet, selon lui, aucun délit. « Aucune loi ne criminalise la sortie du territoire. L’émigration clandestine est d’abord un problème pour le pays d’accueil », avait‑il expliqué.

Merouane Mokdad
TSA
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