Des chercheurs français ont découvert que les cellules graisseuses modifiaient les cellules cancéreuses du sein, les rendant plus agressives.
Prendre beaucoup de kilos après avoir été traitée pour un cancer du sein augmente les risques de rechute, selon une étude américaine qui sera présentée cette semaine au congrès de l’Association américain de cancérologie. A partir d’un gain de poids de 10% en plus, le risque de rechute augmente de 14% par rapport aux femmes dont le poids reste stable. D’autres études suggèrent que le pronostic est moins favorable pour les femmes obèses atteintes d’un cancer du sein. Comment expliquer ces observations ? Les cellules graisseuses, les adipocytes, favoriseraient la dissémination des cellules cancéreuses, selon des travaux menés en France.
Les équipes de Philippe Valet et Catherine Muller, de l’Université Paul Sabatier de Toulouse (Inserm/CNRS/), ont cultivé ensemble des cellules de cancer du sein et des adipocytes. Ces dernières, qui sécrètent de nombreuses protéines, changent au contact des cellules tumorales : elles interagissent avec ces dernières et favorisent leur capacité à se disséminer. Autrement dit la cohabitation des deux permet aux cellules cancéreuses d’être plus agressives. Les chercheurs l’ont vérifié en injectant chez des souris ces cellules tumorales cultivées avec des adipocytes : elles ont une plus grande capacité à former des métastases.
L’interleukine 6, une protéine de l’inflammation secrétée par les adipocytes, jouerait un rôle important dans ce phénomène. Chez les femmes atteintes d’un cancer du sein, cette protéine est présente en plus grande quantité près des grosses tumeurs. Les chercheurs souhaitent désormais identifier les signaux permettant aux cellules graisseuses de rendre les cellules tumorales plus agressives et de vérifier ce mécanisme sur des patientes.
Ces travaux sont publiés dans la revue Cancer Research datée du 1er avril.
C.D.
Sciences et Avenir.fr
05/04/11