Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un niveau léger ou modéré, et qui reçoivent des suppléments d’acide docosahexaènoïque, un acide gras faisant partie de la famille des oméga-3, dont on croyait qu’il réduirait le risque de maladie d’Alzheimer, n’ont pas vécu de réduction de leur déclin cognitif et fonctionnel, comparés à des patients qui ont reçu un placébo. Etude publiée dans le JAMA.
"Plusieurs études ont trouvé que la consommation de poisson, principale source alimentaire en acides gras oméga-3, était associée à une réduction du risque de déclin cognitif ou de démence. Certaines études avaient trouvé que la consommation d’acide docosahexaènoïque, mais pas des autres acides gras oméga-3, était associée à une réduction du risque de maladie d’Alzheimer", écrivent les auteurs. Cependant, ces études étaient des études d’observation seulement, et ne contrôlaient pas qui recevait l’acide gras. Des études sur des animaux qui utilisaient l’acide docosahexaènoïque ont montré des réductions d’une pathologie cérébrale semblable à la maladie d’Alzheimer.
Le Dr Quinn et ses collègues ont réalisé une étude randomisée et contrôlée contre placébo (le meilleur type d’étude) pour examiner si donner des suppléments d’oméga-3 ralentirait le taux de déclin cognitif et fonctionnel chez des individus touchés par la maladie d’Alzheimer.
L’étude, dirigée entre novembre 2007 et mai 2009 sur 51 sites de recherche clinique, comprenait 402 individus atteints légèrement ou modérément de la maladie d’Alzheimer. Les participants ont été assigné au hasard soit pour recevoir l’acide gras à une dose de 2 grammes par jour, soit un placébo identique (60% étaient dans le groupe oméga-3 et 40% dans le groupe placébo). La durée du traitement a été de 18 mois. Les changements des capacités cognitives et fonctionnelles ont été évalués grâce à l’Echelle d’Evaluation de la maladie d’Alzheimer (Alzheimer’s Disease Assessment Scale, ADAS-cog) et la Clinical Dementia Rating (CDR) . Le taux d’atrophie du cerveau a aussi été déterminé via l’imagerie par résonance magnétique volumétrique (IRM) dans un sous-échantillon de participants.
Un total de 295 participants a achevé l’étude tout en prenant les médicaments (DHA : 171 ; placébo : 124). Les chercheurs ont découvert que la supplémentation en acides gras n’avait pas d’effet bénéfique sur le taux du score de l’ADAS-cog, avec un taux d’évolution moyen sur plus de 18 mois de 8,27 points pour le groupe placébo, et de 7,98 points pour le groupe oméga-3. Le taux d’évolution du CDR sur 18 mois était de 2,93 pour le groupe placébo, contre 2,87 pour le groupe à l’acide gras.
Chez les individus ayant passé des IRM de leur cerveau (102 IRM au début de l’étude et 18 mois plus tard, groupe DHA : 53, groupe placebo : 49), une analyse des données n’a montré aucun effet du traitement par oméga-3 sur le volume total du cerveau durant les 18 mois.
"Pour résumer, ces résultats indiquent que prendre des suppléments d’acide docosahexaènoïque oméga-3 n’est pas utile pour la population d’individus atteints légèrement ou modérément de la maladie d’Alzheimer" concluent les auteurs.
"Cette étude s’ajoute à la littérature croissante disant que les omega-3 n’améliorent pas les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Bien que plusieurs études d’observation aient rapporté que des régimes riches en poisson et en suppléments d’acides gras oméga-3 étaient associés à une réduction du risque de développer la maladie d’Alzheimer, la plupart des études cliniques randomisées pour traiter la maladie d’Alzheimer, les déficits cognitifs légers ou les individus âgés en bonne santé n’ont pas trouvé d’effet bénéfique."