Pourquoi les gens ont si souvent tant de mal à identifier ceux qui sont d’une race différente de la leur ? Des psychologues ont identifié le mécanisme cérébral responsable de cet "effet de l’autre race", et déclarent que leurs travaux pourront être utilisés afin d’améliorer la fiabilité des témoignages dans les procès .
Des études précédentes avaient identifié les régions du cerveau responsables du phénomène, mais les mécanismes sous-jacents restaient obscurs. C’est pourquoi Roberto Caldara et ses collègues de l’Université de Glasgow au Royaume-Uni, ont montré à 24 volontaires Caucasiens et Asiatiques des paires de photos, les unes après les autres.
Les photos étaient soit de deux personnes différentes du même groupe racial, Caucasien ou Asiatique, ou la même personne avec différentes expressions faciales. En même temps qu’ils montraient les photographies, les chercheurs enregistraient l’activité cérébrale des volontaires par électroencéphalographie (EEG), qui mesure l’activité électrique produite par l’agitation des neurones dans le cerveau.
Normalement, le fait de montrer le même visage deux fois génère un EEG identique à chaque enregistrement, bien que les niveaux d’activité soient plus faibles la seconde fois. Des visages différents provoquent des modèles d’activité neuronales différents.
Lorsque les volontaires de Caldara regardaient les visages de personnes d’une race différente de la leur, leurs neurones répondaient comme s’ils voyaient la même personne à chaque fois, que ce soit réellement le cas ou non. Les résultats étaient les mêmes quand les Caucasiens regardaient des Asiatiques ou vice versa.
Défaillance universelle
"Cela veut dire qu’il y a un phénomène universel dans notre perception des autres" dit le chercheur qui ajoute que les gens qui vivent parmi des peuples d’une autre race que la leur peuvent apprendre à mieux identifier les individus qui sont différents d’eux.
Caldara déclare que les techniques de son équipe pourraient aider à identifier les témoignages non fiables lors des procès d’assises. "Si un témoin a un effet ’autre race’ manifeste, nous ne pouvons pas être certain qu’il aura réellement reconnu l’accusé d’une autre race" dit-il.