La lecture quotidienne des médias, en ce mois de décembre, nous inciterait à croire que tout le monde va passer la nuit du 24 à déguster, en tenue de gala, force foie gras et caviar arrosés des champagnes les plus chers, en échangeant des bijoux précieux et des gadgets onéreux.
Noël, beaucoup l’ont oublié et l’ont enseveli sous les clinquants, la débauche de lumières et de cadeaux! Les rouges Pères Noël ont fait disparaître en nous le Noël chrétien, la fête de la Nativité...
Les enfants ne connaissent plus le sens profond de cette fête... Pourtant, il existe encore une population de tous âges qui fête Noël en famille, avec une messe de minuit, une prière à la crèche, un réveillon chaleureux qui n’oubliera pas les esseulés, les rejetés de la vie, les exclus de la société et, bien sûr, les plaisirs de découvrir dans les souliers, de charmants cadeaux qui ne frisent pas l’extravagance et font quand même la joie de chacun. Rappelons-nous toujours cette fête de la naissance du Christ, placée au IIème siècle, approximativement, lors du solstice: synchronisée avec la naissance du soleil et de la lumière, quand l’hiver repart irrésistiblement vers la lumière pour l’allongement des jours. Rappelons-nous toujours cette nuit où les humbles comme les riches, les jeunes, comme les personnes âgées se font noctambules à minuit pour allumer le rêve des enfants, même si ceux-ci s’endorment durant la messe de minuit pour ne se réveiller qu’au réveillon. C’est la nuit des veillées en famille, où l’on place, sagement, ses souliers dans l’ombre d’une cheminée, non pas au rendez-vous du désir, mais de la surprise, de l’affection commune et de la gratuité.
Une soirée bercée de chansons douces où, à minuit, on allume les sapins aux branches alourdies de fruits...
Noël païen ne se présente, aujourd’hui, à nos yeux que sous son aspect commercial de dépenses somptuaires, sans aucune référence à l’aspect spirituel qui en est la raison d’être.
Noël d’aujourd’hui a changé de nature et Jésus a disparu pour beaucoup. Voilà, en ce début du troisième millénaire les fruits de notre civilisation. Une civilisation qui n’est plus celle de la naissance et de la maternité; elle cultive le principe du désir et du plaisir explicité par Freud, sans même les compensations qu’il y apportait!
Puisse Noël, le vrai, encore célébré dans les familles et les communautés vivantes, rayonner plus largement sur notre civilisation, non comme censure moralisatrice, mais comme sens de la vie et de l’espérance. Cette valeur fondamentale qui construit l’homme de l’intérieur, selon son autonomie et sa liberté, est maintenue dans les vraies familles. Ensemble, essayons de cultiver le service de la vie pour une civilisation de l’amour, en ces temps troubles et heurtés. Tel est, dernier ressort, le sens de Noël: la naissance du divin par excellence. Le Créateur s’est fait créature dans le sein et les bras d’une mère, par solidarité avec la pauvreté, dans la crèche de Bethléem, jusqu’à la mort pour la vie éternelle. Puisse-t-il faire renaître dans les cœurs, le sens de la vie et toutes les responsabilités submergées par un culte superficiel des apparences. Voilà, enfin, Noël, le vrai, comme la fête de chaque mère, personnelle entre toutes aujourd’hui collectivisée à date unique.
Sonia NIGOLIAN
Ven 24 Déc - 19:01