L'utilisation du paracétamol à l'adolescence pourrait doubler le risque d’asthme, de rhino-conjonctivite allergique et d’eczéma, selon l’étude de cohorte financée par la Fondation de l’Asthme du Royaume-Uni et le Wellcome Trust, menée par des chercheurs néozélandais et publiée dans l’édition du 13 août de l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine. Ces résultats, confirmés par une seconde petite étude menée en Ethiopie qui fait également le lien entre paracétamol et développement de l’asthme fait dire aux chercheurs qu’il est urgent d’enquêter sur les éventuels mêmes liens de cause à effets chez l’adulte et la femme enceinte.
«Cette étude a identifié que l'utilisation de paracétamol (acétaminophène), chez des enfants âgés de 13-14 ans est associée à un risque accru des symptômes de l'asthme», déclare l’auteur principal de l’étude, le Dr. Richard W. Beasley, professeur de médecine à l'Institut de recherche médicale de Wellington (Nouvelle-Zélande).
L'étude internationale sur l'asthme et les allergies de l'enfant (ISAAC) a été menée sur 113 sites répartis sur 50 pays et auprès de 322.959 enfants adolescents (âgés de 13 - 14 ans) qui ont rempli des questionnaires portant sur les symptômes de l'asthme, de la rhino-conjonctivite allergique (RCA). et de l'eczéma et sur des critères liés à l'environnement tels que la consommation de paracétamol au cours des 12 mois précédents. Les chercheurs ont déterminé le taux de risque/odds ratio (OR) des symptômes de l'asthme lié à la consommation de paracétamol, principal critère d'évaluation de l’étude.
L'utilisation récente de paracétamol a été associée à un risque d’asthme plus élevé :
· Pour une utilisation moyenne (au moins une fois au cours de l’année précédente) : l'OR était de 1,43 (intervalle de confiance à 95% [IC], 1,33 à 1,53).
· Pour une utilisation élevée (au moins une fois au cours du dernier mois) : l’OR était de 2,51 (IC à 95%, de 2,33 à 2,70).
Ainsi, les adolescents âgés de 13 et 14 ans prenant du paracétamol de façon mensuelle ont plus de deux fois plus de risques de développer de l'asthme, alors qu'une utilisation annuelle augmente le risque de 43%.
L’utilisation de paracétamol peut représenter un facteur de risque important pour le développement et / ou l'entretien de l'asthme, de la rhino-conjonctivite ou de l'eczéma chez les enfants et les adolescents», concluent les auteurs.
Cette étude souligne le besoin urgent de mener d’autres recherches sur le lien paracétamol et, en général des antipyrétiques avec les allergies, non seulement chez les enfants, mais aussi chez l’adulte et la femme enceinte.
Une seconde étude confirme ces résultats: La même édition de l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine publie également une petite étude longitudinale portant sur le risque d’asthme et d’allergies associé à l'utilisation d'acétaminophène dans une population en Ethiopie. Cette étude démontre également une relation temporelle entre l'utilisation de l'acétaminophène et le développement de l'asthme et de symptômes d'allergie, en soutenant le lien causal de l'acétaminophène.