Parce qu’une compagnie britannique vient de conseiller aux utilisateurs de ses téléphones mobiles d’utiliser des lingettes anti-bactériennes afin de supprimer les germes présents sur les appareils, les medias britanniques zooment sur le risque d’infection véhiculé par les mobiles. Car les téléphones seraient « couverts » de bactéries potentiellement mortelles. Avec des dizaines de milliers de microbes au cm2, les téléphones pourraient abriter plus de bactéries que le siège de la cuvette des toilettes, la semelle d'une chaussure ou la poignée d’une porte. Des microbiologistes indiquent que la combinaison de la manipulation constante de l’appareil et de la chaleur générée créerait un terrain de choix pour le développement des bactéries. Zoom sur 2 études, réalisées auprès d’usagers, professionnels de santé, qui vont vers ces mêmes conclusions.
Des germes qui comprendraient les staphylocoques dont le staphylocoque doré. Ces bactéries très résistantes fréquemment retrouvées dans l’environnement sont hébergées de façon permanente ou intermittente par 30% à 50% des humains, colonisées dans la muqueuse nasale ou dans les zones cutanées humides et les mains. Leur transmission se produit par contact direct ou à partir d’une source environnementale.
Une première étude, en septembre 2009, publiée dans les Annals of Clinical Microbiology and Antimicrobials a tenté de déterminer le le taux de contamination des téléphones mobiles utilisés par les professionnels de santé en particulier le risque de transmission en salle d'opération ou de réanimation. Cette étude a porté sur 200 professionnels de santé avec prélèvement sur les mains des participants, à la surface de leurs téléphones mobiles puis culture de ces pélèvements. Au total, 94,5% des téléphones mobiles portent une preuve de contamination bactérienne avec différents types de bactéries. Des bactéries gram-négatives ont été isolées à partir de 31,3% des téléphones mobiles et de 39,5% des prélèvements des mains. Des souches de staphylocoques dorés, résistantes à la méthicilline ont été isolées à partir de 52% des téléphones mobiles et de 37,7% des prélèvements des mains. Certains téléphones mobiles étaient contaminés par d’autres agents pathogènes nosocomiaux.
Une étude publiée dans le Journal of Infection Prevention en mai dernier, réalisée pour déterminer combien et quels types de germes étaient véhiculés par des utilisateurs de mobiles professionnels de santé et des travailleurs en entreprise. Les germes ont été recueillis sur les téléphones portables puis incubés. Seuls 6% des germes ne présentaient aucune croissance. Parmi les germes isolés dont 29% étaient pathogènes, ont été identifiés des staphylocoques dont le staphylocoque doré résistant à la méticilline, l’escherichia coli, la Klebsiella pneumoniae (à l’origine d’infections respiratoires) et la Pseudomonas aeruginosa, ou bacille pyocyanique souvent responsable d'infections nosocomiales. ces deux études démontrent que les téléphones mobiles utilisés par les professionnels de santé peuvent être une source d'infections nosocomiales dans les hôpitaux, en dépit des mesures d’hygiène et d’asepsie et a fortiori, pour le grand public.
Dans la presse britannique, un professeur de microbiologie à la Manchester Metropolitan University, Joanna Verran, confirme: «Les téléphones mobiles sont stockés dans des sacs ou des poches, ils sont fréquemment manipulés et peuvent tout à fait être vecteurs d’infections ».