Des chercheurs ont découvert une spécificité bien particulière, chez les femelles d'une espèce de souris naines d’Afrique. Celles-ci possèdent des chromosomes sexuels XY, lesquels correspondent en principe au génome des mâles.
Chez les mammifères, le sexe de l’individu est déterminé par les chromosomes sexuels : XX pour les femelles, XY pour les mâles. Cependant, des individus dérogent parfois à la règle : on parle alors de déterminisme sexuel atypique. Sept types sont connus des scientifiques, principalement chez les rongeurs. Chez les humains, on rencontre le syndrome de Turner, caractérisé par une monogamie des chromosomes sexuels (X0), les "superfemelles" dotées de trois chromosomes X, de même que les "supermâles" avec une trisomie XYY, ou encore le syndrome de Klinefelter (trisomie XXY). Ces différences chromosomiques ont des conséquences plus ou moins graves, notamment la stérilité ou des malformations physiques, qui peuvent toutefois être souvent traitées grâce à des traitements hormonaux.
Une équipe française dirigée par Frédéric Veyrunes, chercheur CNRS à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, a découvert une nouvelle particularité de la différenciation sexuelle chez les souris naines femelles d’Afrique. Celles-ci possèdent des chromosomes sexuels XY. En principe, c’est le chromosome Y qui détermine le sexe de l’individu grâce au gène SRY, responsable de la différenciation des gonades en testicules par le biais de la protéine TDF. En l’absence de ce gène, les gonades deviennent ovaires.
74 à 100% de ces souris femelles, appartenant à l'espèce Mus minutoides, sont équipées de chromosomes sexuels XY, toutes sont fertiles. Chez ces souris, ce n’est plus le gène SRY qui détermine le sexe, mais "une mutation entraînant une réversion du sexe" sur le chromosome X.
Les mécanismes entraînant ce type d’anomalies sont très peu connus, et cette découverte devrait permettre de mieux appréhender les processus du déterminisme sexuel chez les mammifères.