Tremblement de terre:Haïti quasi coupée du monde!

Mis à jour 13-01-2010 19:53
Haïti quasi coupée du monde
Les moyens de communation endommagés rendent difficiles les contacts avec l'île. Depuis Paris, les ONG évaluent que les dégâts seront considérables
Dans une rue dévastée de Port-au-Prince le 13 janvier 2010.

Dans une rue dévastée de Port-au-Prince le 13 janvier 2010.

Photo : Clarens Renois/AFP

Haïti est mercredi presque totalement isolée, recroquevillée dans sa douleur. La communication est particulièrement difficile à établir avec l’île : les lignes téléphoniques sont endommagées, Internet fonctionne par à coups et les réseaux satellitaires sont saturés. D’où une grande difficulté pour les ONG à joindre leurs équipes sur place et à établir un premier bilan des morts et blessés en leur sein comme au sein de la population. Dans ces conditions, l’évaluation des premiers secours à acheminer sur place ne peut être qu’approximative, même si l’on sait que les besoins seront de toute façon considérables.

Jean-Hervé Bradol, directeur de recherche à Médecins sans frontières, explique que les équipes de MSF, 800 personnes, majoritairement des Haïtiens, n’ont pas été épargnées. « Nous avons des pertes parmi notre personnel comme parmi les malades que nous traitons car plusieurs centres de santé et hôpitaux se sont effondrés. Malgré tout, nos équipes ont réussi à installer deux postes de secours avec des tentes pour traiter les blessés. Dans l’un, nous avons soigné 350 personnes - dont 50 brûlés car beaucoup de bouteilles de gaz ont explosé. Dans l’autre, 200 blessés ont pu être pour le moment secourus. »

Les membres de l’ONG présents à Port-au-Prince font état de « rues envahies par les personnes qui y dorment, certaines avec des fractures ouvertes, des blessures à la tête. A première vue, nous nous trouvons dans une situation de très grande urgence », poursuit l’ancien président de MSF.

D’après les informations recueillies par Florence Daunis, directrice des opérations en Haïti pour Action contre la faim, les bureaux de l’ONG ont été fortement endommagés. « D’après nos contacts sur place, certaines parties de la ville, à flanc de colline, sont complètement détruites quand d’autres sont intactes. Les destructions ne sont pas uniformes mais les bidonvilles en bas des collines ont dû être très touchés ». Les équipes d’ACF sont « à pied d’œuvre pour approvisionner la population en eau potable. L’eau est déjà, en temps normal, un gros problème à Port-au-Prince, car les bidonvilles sont approvisionnés par calmions citernes. Or, l’état des routes va rendre l’acheminement de l’eau encore plus difficile ».

Olivier Bernard, président de MDM, fait état de « destructions massives, d’hôpitaux détruits avec du personnel de santé enseveli ». « On a toutes les raisons d’être très pessimiste », renchérit Anne Urtubia, responsable du projet Médecins du Monde de Port-au-Prince. Actuellement à Paris, elle connait bien Port-au-Prince, « ville chaotique construite sans politique d’urbanisation, de manière anarchique et sous la pression démographique ».

Le Secours catholique, qui agit dans l’île par le biais de l’ONG Caritas prévoit déjà « la mise en place d’un programme de grande ampleur, pour parer à l’urgence mais aussi à la suite : la reconstruction des maisons et la relance des activités économiques. Nous en avons pour plusieurs années », explique Daniel Verger, directeur des actions internationales du Secours catholique, qui lance un appel à la générosité des Français.

Hier mardi, un violent séisme, d'une magnitude de 7, a secoué Haïti. Les dégâts sont considérables, surtout à Port-au-Prince, la capitale. Le nombre de victimes est pour l'instant inconnu.
Il était 16 h 53, en heure locale ce mardi 12 janvier 2010 (soit 21 h 53 en temps universel, ou encore 22 h 53 en heure française) quand la terre a violemment tremblé.
L'épicentre, malheureusement, se situe à seulement une vingtaine de kilomètres de la capitale, Port-au-Prince. D'après le PTWC (Pacific Tsunami Warning Center), , la magnitude a atteint 7,1, ou 7,0 selon l'USGS, une énergie élevée qui correspond à un séisme dit « majeur ». Elle est du même ordre que celle du tremblement de terre qui a secoué Sumatra le 30 septembre 2009. Le séisme sous-marin qui a provoqué le tsunami de 2004 dans l'Océan Indien avait, lui, atteint 9,3.
Deux répliques ont suivi, de magnitudes respectives 5,9 et 5,5. L'île de Saint-Domingue, sur laquelle se trouve également la République dominicaine, n'avait pas connu un tel événement depuis 200 ans.



L'île de Saint-Domingue se trouve au bord de la plaque caraïbe, donc au niveau d'une faille sismique. PTWC